La promenade de Médor : une activité quotidienne souvent peu investie par les propriétaires, qui ont tendance à ne l’envisager que sous son angle purement hygiénique, passant à côté d’une formidable occasion de cultiver et d’enrichir la relation.
«Allez, c’est l’heure de sortir !» A ces quelques mots, à la veste qu’on enfile, à la laisse dont on se saisit, Médor trépigne d’impatience. Sa joie est palpable, on dirait qu’il a attendu ce moment toute la journée ! Et pour cause ! Pour le chien, ces promenades journalières sont une nécessité éthologique : elles participent de son bien-être psychique et physique. Certes, il va pouvoir (enfin) se soulager, mais surtout, il va pouvoir flairer, renifler, marquer, gratter, peut-être même rencontrer des copains. Autant d’activités vitales pour Médor ! Particulièrement lorsqu’il n’a que ces quelques balades pour se divertir et se dégourdir les pattes.
Lors de l’acquisition de la propreté, il est vivement recommandé de ne pas rebrousser chemin sitôt que le chiot a fait ses besoins, sous peine qu’il apprenne à se retenir pour prolonger la balade le plus longtemps possible. C’est bien la preuve, s’il en était besoin, que les sorties, pour le chien, sont des affaires sérieuses, des moments de grande réjouissance et de vie intense, qui doivent être considérés comme tels par les maîtres.
Ceux-ci, malheureusement, s’en soucient souvent fort peu. Ainsi, combien de propriétaires croise-t-on, le téléphone portable vissé à l’oreille, absents de ces instants « ensemble », laissant leur chien vaquer seul à ses occupations, comme abandonné en bout de laisse ?
Les besoins spécifiques du chien
Lors de ses promenades, le chien va d’abord s’adonner à des activités de flairage et de marquage. Il va « lire » les nouvelles du quartier dans les dépôts laissés par ses congénères - « tiens, Lassie est en chaleurs » -, découvrir les mille et une modifications de son environnement - « un chat est passé par là, mais où allait-il ? » -, s’offrir même, de temps en temps, le luxe suprême, les naseaux palpitant au vent, de « goûter » l’air avec force clapotages de mâchoire. Qui n’a pas expérimenté cette incroyable sensation de pleine communion avec son animal quand, en hiver, dans la blancheur immaculée, sa truffe suit la trace odorante laissée par un petit mammifère, et que cette trace, par la magie de la neige, se matérialise sous nos yeux émerveillés ? Deux mondes sensoriels se rencontrent soudain...
Promener Médor va également lui permettre de dépenser son énergie. Un chien qui n’a pas son compte d’activités psychomotrices risque de développer de nombreux troubles du comportement. Selon son âge et sa race, les conséquences peuvent même être désastreuses ! Bien sûr, l’idéal, c’est de pouvoir laisser Médor se défouler librement, qu’il s’ébatte à son rythme et selon ses envies. La balade est aussi le moment rêvé pour des jeux et des interactions avec des congénères. On ne le répétera jamais assez : le chien est un animal social, qui a besoin de contacts (positifs) avec d’autres chiens. Enfin, l’on profitera de la promenade pour travailler le rappel, lancer une balle ou s’amuser autour de quelques ordres de base («assis, couché, debout»).
la promenade, un temps de partage et d’approfondissement de la relation
Un temps pour être pleinement ensemble
Temps partagé, temps pour être ensemble, pour profiter l’un de l’autre, la promenade doit être réinvestie. Un chien qui a pu courir tout son soûl, vivre sa vie de canidé à hauteur de museau, le tout en compagnie de son maître, sera plus calme pour affronter sa journée de solitude. De la même manière, la promenade du soir lui permettra de décharger ses frustrations ou l’énergie accumulée, de se changer les idées en somme.
Le maître, lui aussi, y trouvera son compte, puisque peu à peu, la relation s’en trouvera enrichie. Varier les itinéraires, se fixer un but – aller se tremper les pieds et les coussinets dans le ruisseau non loin -, programmer des sorties avec d’autres propriétaires du quartier, autant de moyens de ne pas tomber dans la routine et d’éviter la lassitude. Quid de la météo ?
Bien sûr, demeure l’épineux problème des conditions météo. Mais là encore, autant battre l’argument en brèche : il n’y a pas de mauvais temps, il n’y a que des mauvais équipements, des deux côtés de la laisse ! Certains chiens n’aiment pas la pluie, et savent d’ailleurs très bien le faire comprendre. Mais avec un petit manteau adapté, ne verraient-ils pas cette humidité fâcheuse sous un autre jour ? Quant à la grande majorité des canidés, avouons qu’ils s’en fichent éperdument qu’il pleuve, qu’il neige ou que le vent du Nord souffle en rafales : leur pelage les protège de tout. Et à truffe et coeur vaillants, rien d’impossible !
Marie Perrin - Comportementaliste